Régis Koenig (Fnac Darty) : « La durabilité n’est plus une option, c’est un modèle économique d’avenir »

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A l’occasion des Journées Nationales de la Réparation (16 au 19 octobre) et dans le cadre du MoHo Impact Club, MoHo a eu le plaisir d’accueillir Régis Koenig, Directeur Réparation & Durabilité du groupe Fnac Darty. La conférence a rappelé le rôle central de la réparation comme levier de durabilité, au service de la planète, des consommateurs et de la performance économique des entreprises.

Une transformation nécessaire face à un monde en crise

« Dans un monde fini, on ne peut pas continuer à extraire, consommer et jeter. » – Régis Koenig

Régis Koenig rappelle que notre modèle linéaire (fabriquer, vendre, jeter) n’est plus soutenable. Et que même les grandes entreprises n’ont plus le luxe de l’ignorer : « Depuis 2015, notre secteur vit en crise permanente : climat, géopolitique, chaînes logistiques perturbées, inflation… Ces crises ne s’arrêteront pas. Elles nous obligent à nous transformer. »

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Fnac Darty, deuxième e-commerçant de France et groupe coté en bourse, a dû repenser sa raison d’être : comment continuer à créer de la valeur dans un monde instable, tout en réduisant son impact environnemental ? Fnac Darty a choisi de faire de la durabilité non seulement un devoir environnemental, mais un nouveau levier de création de valeur.

La réparation au cœur du modèle

Aujourd’hui, entre 2 000 et 3 000 collaborateurs travaillent exclusivement à la réparation au sein du groupe, un métier en forte croissance, dopé notamment par le succès de Darty Max, le service d’abonnement à la réparation illimitée.

L’entreprise a également déployé un réseau de centres de réparation à domicile partout en France, un levier clé pour rapprocher le service du consommateur.

Mais la bascule est avant tout culturelle. « Il y a quelques années, quand un lave-linge tombait en panne, on le remplaçait. Nous voulons que les gens se disent désormais que c’est plus intelligent de le réparer. »

Cette idée illustre une révolution dans le monde de la vente : celle d’un distributeur qui choisit de vendre moins de produits, mais mieux.

Un modèle économique durable, pas seulement écologique

Changer de modèle, c’est aussi repenser les équilibres financiers.

« Un distributeur gagne sa vie sur le volume, pas sur la durabilité. Il a donc fallu inventer un modèle économique compatible. »

Fnac Darty a parié sur une équation audacieuse : vendre moins, mais mieux. en diminuant les volumes et en augmentant en parallèle le prix moyen, le groupe maintient son chiffre d’affaires tout en réduisant ses coûts, et améliore sa rentabilité.

Le pari fonctionne : Fnac Darty affiche 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une réduction de 43 % de ses émissions de gaz à effet de serre.

Et surtout, le modèle de service (abonnement, entretien, réparation) offre une visibilité financière précieuse pour un groupe coté en bourse.

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Darty Max : rendre la réparation aussi simple qu’un achat neuf

Lancé en 2019, Darty Max permet de réparer, entretenir et dépanner ses appareils pour 11,99 € par mois, quel que soit l’âge ou la marque du produit. Aujourd’hui, Darty Max compte plus de 1,4 million d’abonnés en quelques années.

« Quand on lève les freins culturels et la peur du coût, les gens choisissent naturellement la réparation », explique Régis Koenig.

Les abonnés Darty Max reviennent 1,5 fois plus souvent en magasin et deviennent de véritables ambassadeurs du modèle durable.

Former et recruter : un défi industriel

Passer d’une activité de réparation marginale à un métier en croissance à deux chiffres ne s’improvise pas.

Fnac Darty a dû recruter massivement et créer ses propres écoles de formation : plus de 200 apprentis sont actuellement formés à la réparation.

« C’est un métier d’artisanat, qui s’apprend par la pratique et le tutorat. Il faut du temps pour devenir un vrai technicien. »

Le groupe a aussi investi dans la logistique des pièces détachées et les systèmes de connaissance internes, tout un écosystème structuré autour de la durabilité.

Le “Score de durabilité” : un outil de transparence et de progrès

Parce que la durabilité ne se décrète pas, Fnac Darty a créé un indicateur inédit : le Score de durabilité, fondé sur la fiabilité et la réparabilité des produits vendus.

Chaque année, le groupe publie un baromètre public qui classe les marques et les familles de produits (lave-linge, aspirateurs, téléphones…).

Ce score influence directement les décisions d’achat internes : les chefs produits privilégient désormais les marques les plus durables.

« C’est un levier puissant pour faire progresser toute l’industrie », souligne Koenig.

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Vers une consommation désirable et responsable

Au-delà des chiffres, Régis Koenig insiste sur une idée clé : « Réparer, ce n’est pas seulement prolonger la vie d’un appareil. C’est limiter l’extraction de ressources, créer de l’emploi local, et redonner du sens à l’acte d’achat. »

Pour lui, la durabilité ne doit pas être une contrainte morale, mais un choix désirable, incarné et rentable.

Et le pari semble en passe d’être gagné car d’autres distributeurs ont déjà suivi le mouvement.

En conclusion

Fnac Darty se transforme, pas seulement en acteur de la distribution, mais en opérateur de services durables. Un modèle hybride, économique et écologique, qui redonne à la réparation la place qu’elle mérite.

Comme le résume Régis Koenig : « Si on veut que la durabilité soit durable, il faut qu’elle soit rentable. »

Pour en savoir plus ou rejoindre le MoHo Impact Club, contactez cesar@moho.co

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